DICOCER - Catégorie CNT-BER

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(état au 28/03/2024)


Céramique non tournée des ateliers des rives de l'Etang de Berre


[Patrice Arcelin
Jean Chausserie-Laprée
Nuria Nín]


Parmi les vases non tournés provençaux de l'Age du fer, un groupe s'individualise par une technologie particulière et une aire de diffusion délimitée. Il constitue un ensemble de productions qui introduit, pour la première fois dans la basse vallée du Rhône et dans cette catégorie céramique, la notion d'ateliers. Signalée sur une vingtaine de sites des deux rives de la basse vallée du Rhône (de la Roque de Fabrègues, dans l'Hérault, à Saint-Marcel, près de Marseille, et jusqu'au centre du Vaucluse), cette vaisselle était jusqu'à présent identifiée sous l'appellation générale, exacte mais imprécise, de 'céramique rhodanienne'. La fréquence très élevée de ce lot parmi les mobiliers issus des fouilles anciennes ou récentes effectuées à Saint-Blaise (Bouloumié 1982B, 176-177) et surtout dans la région de Martigues (habitats de l'Ile et de Saint-Pierre: Chausserie-Laprée 1988, 85), la variété du répertoire morphologique constatée, incitent désormais à proposer une aire de production mieux circonscrite: la bordure sud-ouest de l'Etang de Berre, sans que l'on puisse pour l'heure préciser davantage la localisation du ou des épicentres (aucune installation repérée: Arcelin 1986, 57 et 85, note 119; 1992, 313).
L'apparition de cette production est à placer dans la première moitié du Ve s. av. n. è., et sans doute plus précisément vers 475. Des prémisses pourraient être décelées dès les alentours de 500 (possibles au Marduel?). L'amplification de la fabrication doit s'accélérer régulièrement pour atteindre un fort développement après 450, avec une apogée dans les années 425-375. Dès le milieu du IVe s., il semble que les caractères qualitatifs antérieurs s'amoindrissent (à Martigues même, du moins dans une partie des ateliers producteurs) et que l'aire diffusionnelle se rétrécisse à la seule Provence occidentale (de la région de Marseille à Arles; arrêt des exportations vers la région nîmoise et les berges occidentales du Rhône). Cette diversification stylistique et une certaine banalisation technologique régionale ne permet pas de cerner précisément le moment de l'arrêt de l'activité des ateliers en tant que tels. Le terminus ante quem le plus récent est à placer vers 250 av. n. è.; mais dès les alentours de 300, nombre de centres producteurs ont dû commencer à péricliter.
Bien que leur façonnage prenne ses racines dans les habitudes régionales du modelage sans l'aide du tour (montage au colombin fortement écrasé ou par bandes préparées), bien que de multiples mains soient perceptibles, il se dégage de l'ensemble de la production (du moins à son apogée) deux caractères unificateurs en regard des produits indigènes locaux: une qualité du toucher (cuisson élevée et légèreté) et une certaine esthétique visuelle (rigueur dans le traitement des surfaces).
La maîtrise technologique est en effet le trait dominant des productions des Ve et IVe s.: minceur et régularité des parois; homogénéité et consistance de la pâte, obtenues à partir d'une argile naturellement dégraissée (particules non plastiques de moins de 0,3 mm) et d'une cuisson à température assez élevée (en meule ou en four à cuisson réductrice); soins particuliers apportés à la finition (le polissage principalement) et aux décors (pour l'essentiel sur les urnes, à l'épaulement). Autre critère de reconnaissance: une certaine normalisation morphologique des fabrications. Observée principalement sur le lot fortement dominant des urnes (ou pots), elle transparaît aussi bien dans les choix dimensionnels répétitifs (qui suggèrent l'existence probable de modules volumétriques) que dans les composantes des formes et leurs traitements de surface, véritablement standardisés. Ainsi les cols, de profil rentrant ou parallèle, sont prolongés par un bord déversé à lèvre épaissie; ils ont subi un polissage très régulier, linéairement interrompu au-dessus du décor de l'épaulement. Le peignage inférieur est organisé (au contact col-panse: peignage vertical recoupé d'impressions obliques; sur la panse: peignage horizontal puis en tous sens, formant parfois un véritable quadrillage). Le même soin extrême apporté au polissage se retrouve sur toute les formes ouvertes et les imitations fréquentes de vases tournés.
Parallèlement à leur succès propre, les urnes ont suscité dans l'ensemble de la basse vallée du Rhône de très nombreuses copies en pâte plus grossière et même visiblement contribué sur la rive droite, où ce type n'était pas répandu antérieurement, à la formation du style régional du second Age du fer (Py 1990, 402-403). Pourtant la diffusion en Languedoc oriental est très faible, limitée 'à quelques individus dans la région nîmoise' (ibid., note 271), entre 15 et 20 % des urnes non tournées à la fin du Ve s. près du Rhône (Le Marduel: Py 1992). Elle est par contre beaucoup plus conséquente au même moment sur l'autre rive où ce rapport peut atteindre 30% à Glanum et l'ensemble des formes composer de 20 à 50% du mobilier non tourné (à Glanum, au Castellet de Fontvieille, à Saint-Blaise ou à Martigues).
Le répertoire comporte une très large majorité d'urnes (CNT-BER U1: plus des trois-quarts des productions diffusées en Provence occidentale et plus de 90% en Languedoc oriental). Le second lot par l'importance quantitative n'est pas celui des coupes (C1) ou des couvercles (V1) et encore moins celui des jattes, dont la production est très ponctuelle (J1 ou J2); c'est celui des imitations de coupes tournées en vogue pour le boire et le manger (attiques et grises monochromes régionales: A1 et A2) et, plus secondairement, de vases fermés pour verser (cruches et oenochoés: A3 et A4).
Les fabrications des ateliers sont nettement orientées, durant un siècle et demi au moins, pour satisfaire en priorité les besoins de la cuisine et du petit stockage domestique: l'urne (ou pot) est partout le principal récipient de cuisson des communautés indigènes du Midi contemporain. Par contre, la modestie de la part des coupes traditionnelles (C1) ou des jattes (J1 ou J2), deux formes toujours bien confectionnées dans la technologie non tournée, est plus surprenante. Outre le fait que cette sélection morphologique confirme un mode organisationnel des ateliers, il souligne surtout le sens pragmatique et commercial des potiers (ou de leurs commanditaires?): confectionner et diffuser, en profitant de la dynamique d'un réseau économique en développement, une forme essentielle pour la vie quotidienne et qui ne soit pas déjà réalisée par d'autres officines régionales en l'occurrence celles tournant des vases à pâte claire (?), surtout en grise monochrome; plusieurs relevant de cette dernière technique et réalisant pour l'essentiel des coupes A1 ou C1, sont en effet présentes dès le VIe s. sur les rives ouest de l'Etang de Berre ou y diffusent largement (Arcelin 1984, groupe 2, aspects 1 et 3 ; groupe 7; et surtout le groupe 1 au Ve s., puis le groupe 6 au début du IVe s.).

Etudes régionales de référence pour la céramique non tournée des ateliers des rives de l'Etang de Berre:
Provence occidentale: Arcelin 1986 ; Chausserie-Laprée 1984 ; 1988.
Languedoc oriental: Py 1990.


CNT-BER A1

  • code : CNT-BER
  • genre : CNT
  • catégorie : cér. non tournée Berre
  • forme : coupe
  • référence : Imitation d'une forme tournée en technique grise monochrome et à lèvre retroussée.
  • description : Coupe à bord redressé et à court rebord divergent. Fond essentiellement à dépression (a), mais il existe des pieds bas ou légèrement tronconiques (c). Grande variété de diamètres d'ouverture. Surfaces totalement polies. Inornée. Distribution : Provence occidentale (rares exemples possibles en Languedoc oriental).
  • Exemples :
    Arcelin 1984, forme III, fig. 30, n° 96
    (fig. 35, n° 187 ou 205
    (voir aussi GR-MONO 3c). Chausserie-Laprée 1988, fig. 8b. Variante "c" d'après Rolland 1952, sans échelle.
  • auteurs : Patrice Arcelin, Jean Chausserie-Laprée, Nuria Nín
  • utilisation : manger, boire
  • TPQ : -475
  • TAQ : -375

  • CNT-BER A2

  • code : CNT-BER
  • genre : CNT
  • catégorie : cér. non tournée Berre
  • forme : coupe à anses
  • référence : Imitations peu fidèles de plusieurs types de kylix tournées, importées du monde grec (par exemple type Bloesch C "concave lip" ou "Acrocup"; Bloesch 1940, pl. 39; voir AT-FR KyC et Ky11; aussi GR-MONO 5b). Imitation également à date haute des coupes à anses en technique grise monochrome, elles-mêmes inspirées de prototypes grecs B2 ou B3 (voir Arcelin 1984, forme V, fig. 41; aussi GR-MONO 5a).
  • description : Coupe à deux anses, arrondies; lèvre plus ou moins bien individualisée, haute et concave. Pied à tige de hauteur moyenne, à couronne d'appui plus ou moins large. Surfaces totalement polies. Inornée (sauf rares sillons). Distribution: Provence occidentale (rares exemples possibles en Languedoc oriental).
  • auteurs : Patrice Arcelin, Jean Chausserie-Laprée, Nuria Nín
  • utilisation : boire
  • TPQ : -475
  • TAQ : -425

  • CNT-BER A3

  • code : CNT-BER
  • genre : CNT
  • catégorie : cér. non tournée Berre
  • forme : cruche
  • référence : Forme issue d'un compromis entre l'urne (U1) et la cruche tournée à une anse (voir CLAIRE 540).
  • description : Forme fermée, à une anse pseudo-bifide; surfaces totalement polies; inornée. Production ponctuelle? Provenance : Martigues.
  • Exemples :
    Chausserie-Laprée 1984, 29, n° 60
    (1988, 85, fig. 9.
  • auteurs : Patrice Arcelin, Jean Chausserie-Laprée, Nuria Nín
  • utilisation : verser
  • TPQ : -400
  • TAQ : -350

  • CNT-BER A4

  • code : CNT-BER
  • genre : CNT
  • catégorie : cér. non tournée Berre
  • forme : oenochoé
  • référence : Inspiré de la forme CLAIRE 530 ou GR-MONO 8.
  • description : Embouchure trilobée, à une anse souvent bifide et à pied bas, évasé. Surfaces extérieures totalement polies. Inornée (à l'exception de l'ajout possible d'une rudenture à la base du col). Distribution: Provence occidentale (rares exemples sur la rive occidentale du Rhône).
  • Exemples :
    Py 1990, 404, doc. 79, n° 6.
  • auteurs : Patrice Arcelin, Jean Chausserie-Laprée, Nuria Nín
  • utilisation : verser
  • TPQ : -475
  • TAQ : -350

  • CNT-BER C1

  • code : CNT-BER
  • genre : CNT
  • catégorie : cér. non tournée Berre
  • forme : coupe
  • description : Vase ouvert à bord redressé, vertical ou légèrement rentrant. Raccord avec le flanc généralement adouci. Le fond peut être plat (d), à dépression (a et c) ou à pied bas (e). Variété de diamètre. Surfaces totalement polies. Inorné. Distribution : Provence occidentale.
  • Exemples :
    Arcelin 1971, type écuelle B I, pl. 21
    Arcelin 1979, forme 8
    Dumoulin 1965 (=var.e). Inspiration possible des coupes en technique grise monochrome (Arcelin 1984, formes II-III, fig. 33, n° 159).
  • auteurs : Patrice Arcelin, Jean Chausserie-Laprée, Nuria Nín
  • utilisation : manger, boire
  • TPQ : -475
  • TAQ : -300

  • CNT-BER J1

  • code : CNT-BER
  • genre : CNT
  • catégorie : cér. non tournée Berre
  • forme : jatte
  • description : Forme ouverte à large fond plat. Surface intérieure polie ; extérieure peignée. Inornée. Rares exemples connus. Distribution: Provence occidentale.
  • Exemples :
    Arcelin 1971, type jatte A I, pl. 18
    Arcelin 1979, forme 4a.
  • auteurs : Patrice Arcelin, Jean Chausserie-Laprée, Nuria Nín
  • utilisation : cuire-mijoter, servir
  • TPQ : -475
  • TAQ : -300

  • CNT-BER J2

  • code : CNT-BER
  • genre : CNT
  • catégorie : cér. non tournée Berre
  • forme : lékané
  • description : Forme ouverte d'assez grand diamètre,à fond plat. Paroi épaissie au niveau de la lèvre. Surfaces totalement polies. A l'intérieur de l'exemplaire figuré, présence de grains de calcite incrustés au fond. Inornée. Rares exemples connus. Distribution: Provence occidentale.
  • Exemples :
    Arcelin 1979, forme 10, var. 1.
  • auteurs : Patrice Arcelin, Jean Chausserie-Laprée, Nuria Nín
  • utilisation : préparer-mélanger, servir
  • TPQ : -475
  • TAQ : -350

  • CNT-BER U1

  • code : CNT-BER
  • genre : CNT
  • catégorie : cér. non tournée Berre
  • forme : urne
  • description : L'urne (ou pot) est la forme primordiale de la production des ateliers.Tous les exemplaires présentent une séparation col (parallèle ou peu convergent)-panse bien marquée. Bord divergent, en raccord adouci avec le col. Lèvre très fréquemment épaissie. Traitement strict des surfaces : polissage très soigné du col à l'extérieur comme à l'intérieur ; panse intérieure lissée, extérieure peignée, souvent verticalement, avec traces horizontales sous-jacentes. Ligne de décoration à l'épaulement (b=impressions en coin ou fusiformes faites au peigne, sur une courte bande au peignage vertical-oblique régulier). Rares exemplaires traités différemment (c = surfaces totalement polies et inornées). Grande variété de capacité volumétrique. Distribution: ensemble de la basse vallée du Rhône
  • Exemples :
    Avignon, 375-300 (Cartron 1992, p.49, fig.16, n°18).
    Baou de Saint-Marcel, 400-350 (Guichard 1993, p.251, fig.18, n°285,286).
    Baou de Saint-Marcel, 425-400 (Guichard 1993, p.240, fig.9, n°94,100).
    Bompas, 450-350 (Dupoux 1958, p.100, fig.7).
    Cavaillon, 400-350 (Dumoulin 1965, p.59, fig.62, n°e).
    L'Arquet, 400-300 (Lagrand 1959a, p.197, fig.8, n°1,2).
    L'Ile de Martigues, 400-300 (Chausserie-Laprée 1990, p.69, fig.48).
    L'Ile de Martigues, 400-350 (Chausserie-Laprée 1984, p.30, n°64,66,71,73).
    L'Ile de Martigues, 425-400 (Chausserie-Laprée 1988 , p.84, fig.2 et 3).
    La Roche de Comps, 425-400 (Roubaud 1993, p.271, fig.18, n°12).
    La Roche de Comps, 475-425 (Roubaud 1993, p.264, fig.11, n°26).
    Lattes, 300-275 (Py 2001, n°4376)
    Lattes, 325-300 (Py 2001, n°4375)
    Lattes, 350-325 [phase 1G1] (Py 2001, n°4374)
    Lattes, 375-350 [phase 27D3] (Py 2001, n°4372)
    Lattes, 375-350 [phase 27D3] (Py 2001, n°4373)
    Lattes, 400-350 (Py 2001, n°4369)
    Lattes, 400-375 [phase 1I] (Py 2001, n°4366)
    Lattes, 400-375 [phase 1I] (Py 2001, n°4367)
    Lattes, 400-375 [phase 1K] (Py 2001, n°4368)
    Lattes, 450-400 (Py 2001, n°4364)
    Lattes, vers 375 [phase 27E1] (Py 2001, n°4370)
    Lattes, vers 375 [phase 27E1] (Py 2001, n°4371)
    Lattes, vers 400 (Py 2001, n°4365)
    Le Marduel, 420-400 (Py 1992, p.304, fig.43, n°1-3).
    Le Marduel, 440-420 (Py 1992, p.290, fig.28, n°6).
    Le Marduel, 440-420 (Py 1992, p.291, fig.29, n°1,2).
    Le Marduel, 450-440 (Py 1992, p.273, fig.13, n°1-3).
    Mauressip, 400-350 (Py 1978b, p.54, fig.14, n°15).
    Nimes, 425-375 (Py 1981, p.46, fig.16, n°17).
    Nimes, 450-400 (Py 1981, p.55, fig.23, n°16).
    Roque de Viou, 325-300 (Garmy 1980, p.76, fig.49, n°2).
    Roque de Viou, 375-325 (Garmy 1974, p.238, fig.73, n°767).
    Saint-Blaise, 450-350 (Bouloumié 1982a, p.108, fig.31, n°2).
    Saint-Blaise, 450-350 (Bouloumié 1982a, p.82, fig.22, n°13).
  • auteurs : Patrice Arcelin, Jean Chausserie-Laprée, Nuria Nín
  • utilisation : stocker, cuire-bouillir
  • TPQ : -475
  • TAQ : -250

  • CNT-BER V1

  • code : CNT-BER
  • genre : CNT
  • catégorie : cér. non tournée Berre
  • forme : couvercle
  • description : Couvercle supposé, en forme de coupe évasée, à flancs presque rectilignes. Petit pied bas, évasé. Surfaces totalement polies. Inorné. Rares exemples. Distribution : Provence occidentale.
  • Exemples :
    Arcelin 1971, type coupe A I, pl. 27
    Arcelin 1979, forme 3, var. 1.
  • auteurs : Patrice Arcelin, Jean Chausserie-Laprée, Nuria Nín
  • utilisation : couvrir
  • TPQ : -475
  • TAQ : -350